Tiring night [ PV : Delilah ]

Il était tôt. L'aube teint à peine les fenêtres de pourpre et projetait de glauques ombres sur le parquet. Celle du garçon assis sur le rebord d'une fenêtre était allongée, presque déformée mais aux contours nets et bien tracés. Elle était immobile, ne vacillant que lorsque le garçon tournait une page de son livre, ne tremblant que lorsque le vent fouettait la vitre. Dans ce décor de l'école encore endormie, tout semblait immuable, nimbé dans un sentiment de mansuétude.

Calme. Tranquillité. Repos.

Dave avait le teint pâle et les yeux gonflés par la fatigue. Les poches sous ses yeux témoignaient de sa longue nuit sans dormir, s'aventurant dans les lignes - et parfois entre - de ses livres à la faible lueur des torches. Sa tête bourdonnait. Des noms de protagonistes résonnaient douloureusement. Il avait fini l'entière bibliographie de Dai Sijie, un auteur chinois ayant été rééduqué lors de la révolution culturelle. Cette histoire grésillait encore au fond de sa mémoire. Au final, il avait détesté. Ce livre ne lui avait rien apporté. Rien du tout.
Frustré, il avait alors commencé un documentaire assez spécial, qui concernait tout particulièrement les moldus. Ca parlait de la vulgarisation de la technologie et des maladies incurables. Peu captivant, mais il lui avait tout de même paru intéressant et lui avait permis de comprendre bien des choses. en tout cas, c'était déjà moins décevant que la première oeuvre de l'auteur chinois. C'en était à se demander comment on pouvait publier des choses pareilles.
Dans un silence de plomb, le Zéphyr ferma avec une lenteur fatiguée le livre. Et maintenant ? Il devait rester encore deux bonnes heures avant que les cours ne commencent. Et inutile de penser à aller dormir, il savait d'avance qu'il ne pourrait jamais se réveiller à l'heure. Tout en baillant à gorge déployée, le jeune homme se leva mollement, sans grande énergie dans ses gestes pourtant bien minimes. Autant éviter de réfléchir à la question, mieux valait marcher un peu pour se dégourdir jambes et idées. Mais...

Couloir de gauche ? Couloir de droite ?

C'était comme dans ses vieilles énigmes particulièrement agaçantes dans lesquelles il fallait choisir une des deux portes. L'une menait au paradis, l'autre en enfer. Enfin non, ça n'avait vraiment rien à voir. Rien du tout. Mais il était fatigué, ça excuse tout.

Baillant une nouvelle fois tout en secouant la tête pour se ressaisir de ce coup de fatigue, Dave se retourna finalement pour faire face à la fenêtre dont la vue était splendide : menant directement vers le village, on pouvait apercevoir le soleil les colorier avec maladresse d'orange et de jaune, faisant briller la rivière Nightmare d'une faible lueur. Si on regardait un peu plus haut, on pouvait encore distinguer quelques taches noires que la nuit avait égarée dans sa chute. Elles se faisaient attaquer à la fois lentement et vigoureusement par les éclats du jour et dégageaient un sentiment de forte rédemption. Elles étaient perdues d'avance...
Ainsi donc, le jeune homme se laissa aller à l'interprétation des éléments de la nature de ce matin-là, puisque, de toute évidence, il n'y avait plus rien d'autre à faire. Lire devenait agaçant faute d'avoir la vue difficile à cause de la fatigue ; marcher demandait trop à réfléchir ; retourner dans sa salle commune signifiait dormir et ne plus se réveiller et... il n'y avait personne pour le distraire un peu.

Pour le rassurer qu'il était toujours aussi bon joueur, dans ce jeu de fou.

-> Avant la transformation de Delilah

' Dave ? '

' Qu'est-ce que tu fiches là bon sang ? C'est diiingue ! J'arrive pas à croire que tu puisses être ici, à Faintiiiiing ! Non pas que je ne sois pas contente hein - euh ! J'suis troooop heureuse de te revoiiiir ! '

» Delilah Celle-Qui-Parle-Pour-Ne-Rien-Dire Whitness